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VERS LA RECONNAISSANCE
Dès le début de l’histoire commune du couple sport/handicap, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la visibilité et la reconnaissance de la pratique sportive des personnes en situation de handicap sont questionnées.
En près de 80 ans, de la recherche menée par la médecine au regard médiatique porté sur le handicap, en passant par les avancées technologiques, le mouvement handisport s’installe progressivement dans le paysage sportif ordinaire et prend place au cœur des plus grandes compétitions comme de la pratique amateure.
Le grand jeu médiatique
C’était l’une des forces d’Yves Nayme : très tôt il a eu l’intuition de la nécessité de rendre visibles les sportifs handicapés dans le paysage médiatique de l’époque. Il contribue ainsi à faire évoluer le regard porté sur les personnes en situation de handicap, faisant de Saint-Étienne un laboratoire d’expérimentations dans ce domaine.
Sous les feux des médias
La présence dans les médias de la pratique sportive des personnes en situation de handicap, est déterminante aux yeux d’Yves Nayme. Il cherche en permanence à donner de la visibilité aux actions de l’ASHPL puis de la FFOHP, notamment dans les médias locaux, mais aussi nationaux et internationaux, dont il déplore le faible intérêt pour les compétitions qu’il organise.
Différents journaux s’intéressent à ces jeux, à l’image de Clair Foyer en 1970 (magazine national qui deviendra Famille magazine, puis Top famille), mais aussi la presse locale qui est au rendez-vous dès 1966 de chaque événement organisé à Saint-Étienne.
Yves Nayme ne manque pas d’informer les médias nationaux et en particulier la télévision afin de s’assurer leur présence. Sur le plan international, il anime un réseau d’amitiés et de connaissances intenses. Il fait connaître son action à l’aide des films réalisés par Jean-Claude Parayre et le Centre d’études cinématographiques de la Loire, qui voyagent ainsi à travers le monde.
Communiquer avec les mêmes moyens
Soucieux d’améliorer la visibilité du sport pour les personnes handicapées, Yves Nayme crée des commissions dédiées à la communication, dans les comités de préparation des jeux. Il mise ainsi sur l’image fixe ou animée comme moyen de faire connaître au plus grand nombre les événements qu’il organise, mais prévoit aussi différents objets publicitaires, qui véhiculent l’image des jeux au-delà des événements eux-mêmes.
Yves Nayme rencontre Jean-Claude Parayre, membre du Caméra club forézien, et le convainc de réaliser pour lui un premier film à Courchevel. En 1968, il filme 4 skieurs handicapés sur la Saulire, une piste rouge qui donnera son nom au film : La Saulire comme les autres. Jean-Claude Parayre revient sur ces années durant lesquelles il a développé un regard personnel sur ces sportifs. Il reste présent sur les tournages aux côtés d’Yves Nayme jusqu’en 1990.
La façon de filmer ces compétitions témoignent d’approches différentes vis-à-vis du sport pour les personnes handicapées. Cela s’observe par exemple dans le choix du vocabulaire utilisé, ou dans l’angle choisi par les réalisateurs. C’est visible dans ces deux extraits couvrant les Jeux de 1970, l’un insistant plus sur les handicaps, l’autre préférant s’attarder sur le geste sportif. Petit à petit le traitement médiatique continue d’évoluer vers la reconnaissance des exploits sportifs.
Extraits du film Vivre, vivre, Jean Bescont, 1970, Cinémathèque de Saint-Etienne, RT 7220
Extraits du film Vivre, vivre, Jean Bescont, 1970, Cinémathèque de Saint-Etienne, RT 7220
Ainsi, leur image se trouve associée à des objets de la vie courante (sacs), mais aussi à des supports publicitaires comme les autocollants ou les pin’s, ou encore, de façon plus attendue dans le monde sportif, sur des fanions ou des écussons tissés par l’entreprise locale, Julien Faure.
Série d’objets publicitaires : sacs, fanions, écussons, pin’s, autocollants, entre 1970 et 1990, 100 S 4
Objets publicitaires et compagnie
L’ASHPL comme la FFOHP ont créé différents objets de promotion pour se faire connaître au-delà de leurs adhérents et en-dehors des événements. Les dispositifs de communication mis en place sont de plus en plus importants visant à s’approcher de ce qui est mis en œuvre dans n’importe quelle manifestation sportive.
En 1990, un disque vinyle 45 tours est produit par les championnats du monde handisport de Saint-Etienne. Sous le même titre Vivre plus fort, deux chansons figurent sur le disque, l’une écrite et interprétée par des artistes stéphanois, l’autre écrite et interprétée par Francis Lalanne, de renommée nationale. Les fonds recueillis par la vente de ce disque ont été versés au profit de l’organisation du championnat, plaçant ainsi cette initiative dans la lignée des chansons caritatives, tout en maintenant le lien très fort avec Saint-Etienne.
Extrait du film Vivre plus fort, film de Jean-Claude Parayre,1990, Cinémathèque de Saint-Étienne, RT 1447
La cérémonie d’ouverture de cette même édition est marquée par la présence de personnalités des médias et de la culture populaire : Pierre Bellemarre, qui présente la cérémonie, Robert Hossein, qui signe le spectacle d’ouverture, Francis Lalanne qui assiste à la cérémonie. Cette organisation de dimension à la fois locale et nationale, montre à quel point le sport devient un levier de la reconnaissance sociale et médiatique des handicapés.
Extrait du film Vivre plus fort, film de Jean-Claude Parayre,1990, Cinémathèque de Saint-Étienne, RT 1447