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DES HISTOIRES à partager
Le sport et le handicap ont chacun une histoire qui précède celle de leur rapprochement, qui donnera naissance au handisport.
Retour sur le handicap d’une part, et le sport d’autre part, afin de mieux comprendre les enjeux et les leviers de développement de ce mouvement impliquant la pratique d’une discipline sportive par des personnes en situation de handicap.
Des influences décisives
Au rendez-vous de l’histoire, quand le contexte historique, social et industriel constitue un terreau propice à la prise en compte du handicap.
L'union fait la force
Le tournant de la Première Guerre mondiale met en évidence les corps meurtris des soldats qu’il faut soigner et reconnaître, avec plus de trois millions de blessés dont près d’un million ont droit au versement d’une pension d’invalidité. Dans le même temps, la cause des victimes du travail revient sur le devant de la scène avec les mouvements de défense des droits des mutilés du travail.
Génératrice d’accidents avec la société industrielle, l’activité économique est également vectrice de solutions au niveau local, au travers des entreprises qui se tournent vers le médical.
Baptiste Marcet, une vie de luttes
Né en 1883 au Puy-en-Velay, Baptiste Marcet entre jeune en apprentissage comme ouvrier maréchal-ferrant, en Haute-Loire puis à Saint-Étienne. Victime d’un accident du travail en 1908, il découvre alors ce qui sera le combat d’une vie. Après un séjour à Paris, où il côtoie de nombreux militants syndicalistes, il revient à Saint-Étienne où il s’occupe du dispensaire syndical situé rue de la Charité, aujourd’hui rue des Mutilés-du-travail.
Dès 1919, les mouvements d’accidentés du travail sont appelés à se rassembler. La Fédération nationale des mutilés du travail voit le jour deux ans plus tard, en 1921, lors du congrès de Saint-Étienne. Baptiste Marcet en devient le secrétaire général en 1925 : le siège fédéral s’installe à Saint-Étienne. Il restera à sa tête pendant 38 ans.
La fédération nationale des mutilés du travail
Créée au lendemain de la Première Guerre mondiale, la Fédération nationale des mutilés du travail fonde son action sur un constat comme un leitmotiv : « Ceux qui étaient tombés pour une œuvre de mort, la guerre, avaient droit à la reconnaissance de la Nation ; ceux qui étaient tombés pour une œuvre de vie, le travail, n’avaient droit à rien. » La fédération vise à mobiliser pour peser sur l’action législative et améliorer les droits des accidentés du travail en allant au-delà de la loi du 9 avril 1898 sur les responsabilités des accidents dont les ouvriers sont victimes dans leur travail. Au fil des années, elle obtient plusieurs majorations des rentes, l’élargissement du droit à réparation à la quasi-totalité des salariés en 1938, la revalorisation annuelle des rentes en 1954, une loi instaurant le reclassement des travailleurs handicapés en 1957, etc.
En 1985, la Fédération des mutilés du travail devient la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (FNATH), dont le siège est toujours situé à Saint-Étienne.
Au milieu du XXe siècle, le conseil municipal acte le soutien de la ville de Saint-Étienne aux mutilés du travail en cédant un terrain sur l’avenue Émile Loubet. Ce faisant, Saint-Étienne pose les bases de ce qui deviendra plus de dix ans plus tard la Maison des mutilés du travail, un lieu de vie qui accueillera le nouveau siège de la fédération. L’intervention du maire Alexandre de Fraissinette précise l’engagement des mutilés du travail, à savoir la création d’une grande salle de théâtre, qui accueillera plus tard la Comédie, aujourd’hui la Comète.
Du 20 au 22 avril 1956, Saint-Étienne accueille la conférence nationale des mutilés du travail. Le dimanche 22 avril, la manifestation débute par une visite du siège fédéral, avenue du Président-Émile-Loubet. À partir de 9h30, un grand défilé part de la Maison des mutilés pour se rendre au Vélodrome d’Hiver, où Baptiste Marcet se voit remettre la Légion d’honneur. La matinée se clôture par un grand repas servi au Vel’ d’Hiv.
Quand les fabricants se mobilisent
Émergente au XIXe siècle, la production de tissus élastiques va se développer au long du XXe siècle. En même temps qu’elle réduit l’activité, la Première Guerre mondiale va apporter à l’industrie de nouveaux débouchés avec les tissus orthopédiques pour les bandages et appareils de prothèse. La production stéphanoise de bandes élastiques est ainsi multipliée par quatre entre 1914 et 1930. La fabrication de textiles de santé se développe massivement à partir de 1945. Les entreprises Thuasne, Gibaud et Sigvaris en sont aujourd’hui des acteurs prépondérants.
Fondée en 1849 à Saint-Étienne, l’entreprise Ferriol-Matrat fabrique des produits destinés à la quincaillerie. Au fil des décennies, elle se spécialise dans le cintrage de tubes et diversifie ses productions. En 2006, la société crée la marque Joëlette and co et développe une gamme de produits de sport loisirs à destination des personnes en situation de handicap. Les Joëlettes symbolisent le partage entre valides et non-valides.