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DES HISTOIRES à partager
Le sport et le handicap ont chacun une histoire qui précède celle de leur rapprochement, qui donnera naissance au handisport.
Retour sur le handicap d’une part, et le sport d’autre part, afin de mieux comprendre les enjeux et les leviers de développement de ce mouvement impliquant la pratique d’une discipline sportive par des personnes en situation de handicap.
À la croisée du sport et du handicap
Quelle place la société accorde-t-elle au handicap, d’une part, et au sport, d’autre part, avant et au-delà de leur rapprochement et de l’émergence de la pratique sportive par des personnes handicapées ?
Aux origines du mot handicap
Le mot « handicap » vient de l’expression anglaise : « hand in cap », qui signifie littéralement « la main dans la casquette » : il s’agit d’un jeu dans lequel l’équité de gains entre les participants était recherchée par compensation en argent ; par la suite le mot est employé dans les courses hippiques : le handicap désigne un désavantage attribué à certains concurrents dans le but d’équilibrer les chances de victoire entre tous les participants. Comment l’usage du mot évolue-t-il ensuite ?
Durant une grande partie du XXe siècle, différents termes sont employés pour évoquer les personnes en situation de handicap : anormal, inadapté, débile, fou, infirme, invalide, mutilé,… Chacun de ces mots renvoie au regard porté sur ces populations et à leur prise en charge par la société. Ces documents illustrent la diversité du vocabulaire employé pour exprimer des réalités sociales hétérogènes, allant du handicap de naissance aux blessures de guerre ou au travail.
C’est seulement dans la 2ème moitié du XXe siècle que le mot « handicap » est utilisé pour désigner l’ensemble des déficiences motrices, sensorielles ou mentales puis les troubles cognitifs et psychiques. Le mot est désormais plus couramment utilisé dans les différents documents. L’année 1981 est proclamée par l’ONU « année internationale des personnes handicapées », permettant de mieux informer et sensibiliser l’ensemble des citoyens.
Au XXIe siècle, une définition partagée du handicap
Pour l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) « est handicapée toute personne dont l’intégrité physique ou mentale est passagèrement ou définitivement diminuée, soit congénitalement, soit sous l’effet de l’âge ou d’un accident, en sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou à occuper un emploi s’en trouvent compromises. »
En France, plusieurs lois jalonnent l’histoire de la prise en charge du handicap : la loi du 11 février 2005, portant sur l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées en donne la définition la plus récente :
Constitue un handicap toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant.
En 2019 Saint-Étienne a intégré le réseau « Unesco des villes inclusives et durables » et depuis le 1er septembre 2021, le service commun de la Direction accessibilité-handicap, ville inclusive et lutte contre les discriminations est rattaché à Saint-Étienne métropole, permettant de déployer ses actions sur le territoire métropolitain.
Livrets « Guide autisme » et « Guide déficience visuelle » par le service Accessibilité-handicap, ville inclusive et lutte contre les discriminations de la ville de Saint-Étienne, 2022
Regards sur la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées
Avec Sébastien Lioud, Jean-François Chossy, Paul Calmels, Yann Bourdier et Pierre Bayard, réalisation : Les 87 Revanchards
L’événement « Ville en partage » propose ainsi une programmation d’expositions, de films, des contes, des visites, des ateliers, de la danse, des documentaires, des spectacles… ouverts à tous avec pour objectif de sensibiliser le grand public aux difficultés liées au handicap et faire en sorte que les différences ne soient plus un handicap.
Loisirs, santé, compétition : petite histoire du sport
En ancien français le mot « desport » signifie « loisirs, amusement ». Importé en Angleterre à la fin du Moyen-Âge par la chevalerie, sous la forme « disport » il prend sa forme actuelle à partir du XIXe siècle, d’abord dans la langue anglaise. Dès 1828, le Journal des haras évoque ce mot anglais : « par le mot sports dont l’équivalent n’existe pas dans notre langue, on désigne la chasse, les courses, les combats de boxeurs etc, tous les exercices enfin qui mettent en jeu la force, l’adresse ou l’agilité, soit des hommes, soit des animaux. ». En 1854, le mot est utilisé pour la première fois en France dans un ouvrage d’Eugène Chapus, « Le sport à Paris », qui indique : « c’est le plaisir qui, en mettant à contribution une ou plusieurs aptitudes de l’homme, lui devient une occasion d’exercice, de mouvement, de paris, de jeu, et exige toujours le concours d’un monde plus ou moins nombreux. »
Sa définition et les pratiques se précisent tout au long des XIXe et XXe siècles, progressivement autour d’activités plus codifiées pouvant donner lieu à des compétitions.
Aménagements sportifs, stades, gymnases, piscines apparaissent progressivement, favorisant également une pratique plus encadrée. La pratique sportive oscille entre amusement, compétition, pédagogie et hygiène de vie.
En 1878, l’Académie française précise qu’il s’agit de « toute sorte d’exercices et d’amusements en plein air, courses de chevaux, joutes sur l’eau, chasse à courre, gymnastique, etc. En France, il se dit surtout des courses de chevaux. ».
Ces quelques exemples montrent la diversité des équipements construits à Saint-Étienne, pour favoriser l’accueil de certaines disciplines sportives. Par ailleurs la ville accueille et organise des événements sportifs.
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Des textes pour structurer des pratiques anciennes
Les clubs, associations et fédérations, organisant la pratique, se mettent en place tout au long du XXe siècle. Dans la 2ème moitié du XXe siècle, la pratique sportive se structure en s’appuyant sur un ensemble de lois qui mettent le sport au cœur de nombreux enjeux de société. La vitalité des fédérations et l’engagement des pratiquants tant amateurs que professionnels se trouvent renforcés par ce soutien politique national.
Les textes récents dégagent les enjeux du XXIe siècle. La Charte européenne du sport (révisée 2021), met par exemple en avant l’impact sur la condition physique et psychique de la pratique sportive […] Le sport est essentiel pour le développement personnel et il joue un rôle majeur dans l’exercice des droits à la santé, à l’éducation, à la culture et à la participation à la vie de la communauté.
Enfin, selon le Code du sport (révisé 25/01/24) la loi favorise un égal accès aux activités physiques et sportives, sans discrimination fondée sur le sexe, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, l’âge, le handicap, l’appartenance, vraie ou supposée, à une nation ou à une ethnie, la religion, la langue, la condition sociale, les opinions politiques ou philosophiques.
Dans les faits, la prise de conscience du rôle du sport dans d’autres pans de la société, et notamment le rapprochement sport / handicap sont effectifs depuis près de 100 ans.
L’enseignement et la pratique du sport se développent dans les écoles au début du XXe siècle, à l’image de ce cours de gymnastique dans la cour de l’institution Valbenoîte.
La préoccupation à l’égard de la santé et de l’accès pour tous à la pratique sportive en plein air apparaît dès le début du XXe siècle. Plusieurs initiatives locales en témoignent, parmi lesquelles l’œuvre des enfants à la montagne fondée en 1893 par Louis Comte, afin de permettre aux enfants d’ouvriers de bénéficier de vacances hors de la ville.
La première édition de l’annuaire officiel des sports de Loire et Haute-Loire paraît en 1951. Cet annuaire se donne pour vocation de recenser les différentes organisations et infrastructures sportives du département.
L’édito de 1951 ne manque pas de rappeler que Saint-Étienne a obtenu en 1949 le Challenge de la ville la plus sportive de France, insistant ainsi sur la vitalité du milieu sportif local.
Ce challenge est remis depuis 1937 par le quotidien sportif L’auto, devenu L’équipe.